dimanche 4 avril 2010

jeudi 1 avril 2010

"N'avalez pas les langues", une contribution de Piruli

N’avalez pas les langues
Fénelon, tour de langues, polyphonique carrefour, se tourne en 4; au Nord, il pointe vers l’Angleterre qui a foi en son idiome hégémonique ; à l’Est, il reçoit la germaine Löbau, à la voix de gorge, et se confronte à Berlin en capitale effervescence; il rougit d’enthousiasme à Moscou et s’émeut devant le bel Essénine, au visage de la Poésie même ; à l’Ouest, il s’enflamme en Galice, corne et muse, où l’étoile et l’ange sont guides; au Sud, il goûte le sel de l’Attique et le vin de la mer, et boit la lumière et les fruits de Bogotá.
Fénelon claque les langues et les tire, dans sa soif et son goût de l’autre, toujours en famille avec elles. Il fait sonner les accents libres et bleus des Berbères et l’arabe éloquent lui rend son prestige, ils sont classiques d’honneur.
Et l’on voudrait taper sur l’arabe, et frapper le russe au knout ? Et sans piété filiale, sans respect pour la langue chenue et vibrante, on saignerait le latin ?
Non, non, Nicolas le Grand, alea non jacta, il nous faut prendre langue.
Il faut rendre langues.